Exemplaire magnifiquement préservé, cette Ferrari 250 GT LWB Berlinetta Tour de France de 1958 fait partie du catalogue de la vente aux enchères organisée par RM Sotheby’s, les 23 et 24 janvier 2025 à Phoenix en Arizona.
Réputée pour son design exceptionnel et pour ses performances en compétition, la Ferrari 250 GT LWB Berlinetta Tour de France est un symbole de l’héritage de la firme de Maranello. Développée en 1956 à partir de la 250 GT de route, elle était propulsée par un moteur V12 de 3,0 litres équipé de carburateurs Weber et dotée d’une carrosserie en aluminium signée Scaglietti.
Ses débuts en compétition furent remarquables, Olivier Gendebien et son copilote Jacques Washer remportant leur catégorie au Giro di Sicilia en avril 1956. Cette même année, le marquis Alfonso de Portago remporta la victoire au classement général du Tour de France. Enzo Ferrari fut tellement enthousiasmé par les performances de la voiture qu’il baptisa ce nouveau modèle du nom « Tour de France ».
De 1958 à 1959, Scaglietti a encore simplifié la TdF, réduisant la carrosserie à une seule persienne. Seuls 36 exemplaires ont été construits dans cette configuration, dont 28 à l’origine avec la configuration très recherchée des phares couverts. Cependant, en raison des réglementations routières introduites dans certaines parties d’Europe à cette époque, un certain nombre de ces exemplaires à phares couverts ont été convertis en phares ouverts.
Ces exemplaires TdF ont également introduit des améliorations mécaniques clés, comme une nouvelle boîte de vitesses, un collecteur d’admission retravaillé et plusieurs améliorations du moteur. Conçues pour la course, il n’est pas surprenant que bon nombre des 77 exemplaires construits aient subi des dommages au cours de leur carrière en compétition, ce qui rend la recherche des meilleures Tour de France survivantes une quête difficile.
Ainsi, la Ferrari 250 GT LWB Berlinetta Tour de France de 1958 présenté ici est l’un des plus beaux et des plus illustres exemplaires de ce modèle rare et convoité. Jamais accidentée, aucune cicatrice est venue gâcher sa belle carrosserie. Il faut dire que cette Ferrari a passé plusieurs décennies dans des collections renommées.
Le 17 juin 1958, elle a été vendu neuve au double champion national italien de course sur route, Casimiro « Miro » Toselli, un riche gentleman-driver plus habile que la plupart des clients de Ferrari. Portant le numéro de châssis 0933, cette 250 GT LWB berlinetta est enregistrée comme l’un des trois exemplaires TdF que « Miro » a conduit en compétition entre 1957 et 1960.
Une photo fournie par l’historien FerrariMarcel Massini montre Toselli prenant livraison de la 0933 GT à l’usine de Maranello, finie dans sa combinaison de couleur Oro Chiaro avec une sellerie en cuir Rosso Bourdeaux. La seule TdF produite dans cette palette de couleurs, elle était également équipée de phares couverts, de roues à rayons Borrani et d’une finition purement racing, sans pare-chocs ni rétroviseurs latéraux.
Pour ses débuts avec la 0933 GT le 14 septembre 1958, Toselli obtient la 5e place au classement général lors de la course de côte de Rocco Cocconato. Poursuivant son apprentissage de la 250 GT LWB Berlinetta TdF, il termine 7e de la course de côte de Pontedecimo le 28 septembre, et le 10 octobre, il obtient sa première victoire lors de la course de côte de Pila à Aoste.
Le mois suivant, Toselli et la 0933 GT se rendirent au Grand Prix du Venezuela en tant qu’invités de la Scuderia Manunina, un programme de course italo-argentin dirigé par Marcello Giambertone, manager de longue date du quintuple champion du monde de Formule 1 Juan Manuel Fangio. Cette course n’était pas un grand prix traditionnel, mais plutôt une course sur route de 754 kilomètres.
Entre route sinueuses et chemins de terre mal entretenus, les organisateurs avaient jugés qu’un bon temps avec une voiture de sport rapide serait d’environ 10 heures. Telle une balle dorée qui effleure la foule bruyante le long du parcours, « Miro » Toselli fini à la 4e place, au milieu de plusieurs variantes de 250 TdF emmenées par le pilote d’usine Ferrari, Jean Behra.
Suite à ce résultat exceptionnel, Toselli retourne en Italie sans sa Ferrari qu’il a vendu à Lino Fayen, agent Ferrari à Caracas, avant qu’elle ne devienne la propriété du Vénézuélien Mauricio Marcotulli, un autre gentleman-driver de talent. De janvier à octobre 1959, il engagea la 0933 GT dans au moins six courses de voitures de sport.
Fin 1959, la voiture sera vendue à Ugo Tosa. Avec son copilote Silvano Turco, ils inscrivent la 0933 GT à la première manche du Championnat du monde des voitures de sport 1960, les 1000 kilomètres de Buenos Aires. Ils termineront 3e de la catégorie GT et 11e au classement général. Début 1961, Lino Fayen achète la voiture à Tosa et la ramène en France avec l’intention de la vendre. Malheureusement, suite à un différent avec les autorités fiscales françaises, la voiture est saisie sur un parking de l’aéroport d’Orly.
Cette saisie a ainsi sauvé la 0933 GT de la possibilité de participer à plusieurs autres saisons de compétition, préservant son originalité puisqu’elle est restée entreposée pendant cinq ans avant d’être proposée aux enchères en octobre 1966.
De 1975 à 1977, le comte Frédéric Chandon de Briailles a été propriétaire du châssis 0933 GT, avant que le collectionneur Pierre Bardinon ne l’intègre dans son incroyable collection de Ferrari pendant six ans. De 1983 à aujourd’hui, on compte plusieurs propriétaires comme Dominique Bardini, André Binda ou encore Michel Seydoux.
De 1997 à 2001, la 0933 GT a été refaite dans sa couleur Oro Chiaro d’origine et a bénéficié d’une restauration mécanique par les spécialistes britanniques Terry Hoyle Racing Engineers. En 2004, la sellerie en cuir Rosso Bordeaux d’origine a été retirée et préservée, et des cuirs Cognac ont été installés.
Depuis son entrée dans la collection du consignataire en 2006, la voiture a été fidèlement entretenue par un mécanicien privé, à l’aide de pièces fournies par des spécialistes de premier plan, dont GTO Engineering. Participant régulièrement aux événements et aux tournées du Ferrari Club tels que le California Mille et le Colorado Grand, la 0933 GT a bénéficié d’un entretien régulier.