Parmi toutes les voitures qui figurent au catalogue de la vente aux enchères RM Sotheby’s de Monterey, qui se déroulera du 17 au 19 août 2023, cette Jaguar XKSS de 1957 risque bien de crever le plafond ! En effet, elle est surement la XKSS la mieux conservée à ce jour.
Pour bien comprendre le succès de la XKSS, un petit retour en arrière est nécessaire. L’Amérique de l’après-guerre a vu naître une nouvelle génération de conducteurs fortunés qui souhaitaient possédaient des machines de plus en plus performantes. Les constructeurs automobiles européens, ravagés par la guerre, ne demandaient qu’à répondre aux souhaits de ces jeunes propriétaires. C’est ainsi que l’on verra naître certaines des plus belles automobiles de l’époque : Mercedes-Benz 300 SL, Ferrari 250 GT California Spider ou encore Porsche 356 Speeder. Mais celle qui incarne le plus cette époque, c’est la Jaguar XKSS !
Jaguar s’étant retiré de la compétition après la saison 1956, la marque s’est retrouvée avec un certain nombre de Type D invendues dans son stock d’usine. Une idée surgit alors, convertir ces voitures en modèles de route et les vendre sur le marché américain. Cette conversion consistait à retirer le grand carénage de l’appui-tête, l’aileron arrière et la cloison centrale de l’habitacle, et à installer une porte passager, un pare-brise, des pare-soleil latéraux, des pare-chocs et une capote rabattable.
Avec une production initialement prévue à 25 exemplaires, la rareté est devenue un facteur encore plus important lorsque 9 des 25 voitures furent détruites dans l’incendie de l’usine de Browns Lane. Ainsi, la production effective ne fut que de 16 voitures, parmi laquelle se trouvait la XKD 564, transformée en XKSS 707, le modèle présenté ici.
Finie en crème sur cuir rouge, cette XKSS est envoyée aux États-Unis où l’attend le talentueux pilote Lou Brero, Sr. Malheureusement, celui-ci perdra la vie dans une course avant la livraison. Elle deviendra alors la propriété de Sammy Weiss qui la revendra à Sidney Colberg en 1960. Heureux propriétaire, il va la conserver jusqu’en 1973. Le soin qu’il apportera à sa XKSS tout au long de ces années sera déterminant pour l’originalité actuelle de la voiture. Il faut savoir qu’au début des années 1970, de nombreuses autres voitures sont tombés dans des mains moins attentionnées, perdant nombre de leurs composants d’origine.
Après 15 ans passés à ses côtés, Sidney Colberg vend sa précieuse Jaguar au célèbre connaisseur britannique Anthony Bamford. Désormais noire, elle fait partie de l’une des collections de voitures les plus impressionnantes jamais réalisées, partageant l’espace du garage avec plusieurs Ferrari 250 GTO, Alfa Romeo 8C et autres modèles d’exception.
En 1976, la XKSS 707 devient la propriété du célèbre passionné écossais I.G. Campbell McLaren. Celui-ci va la faire immatriculer sous le numéro « JAG 1 » et remplacer sa couleur par la célèbre teinte bleu métallisé de l’Ecurie Ecosse. Pendant plusieurs années, elle participera à de nombreux évènements historiques majeurs, comme la première course historique organisée au Mans en juin 1978, aujourd’hui Le Mans Classic.
En 1992, la XKSS 707 est vendue à Allen Lloyd. Celui-ci va l’entretenir pendant 19 ans, continuant à la conduire lors d’évènements historiques tels que les Mille Miglia 2004, avant de la céder au propriétaire actuel.
Un rapport rédigé pour le propriétaire par le très respecté Chris Keith-Lucas, indique que les 25 535 miles actuels sont probablement authentiques. D’autre part, cette XKSS conserve son châssis d’origine, ainsi que sa boîte de vitesses, même avec si un carter central a été remplacé, ce qui est courant sur ce type de voiture, son bloc moteur et sa culasse sont d’origine. Les quatre étriers de frein sont également d’origine, tout comme le maître-cylindre et la pompe Plessey. Les principaux composants de la suspension avant et arrière restent d’origine, tout comme la carrosserie à l’exception de la cloison derrière les dossiers de siège et le capot.
Toujours dans un très bel état, cette XKSS 707 est accompagnée d’un dossier historique, comprenant le rapport de Chris Keith-Lucas, de nombreuses factures, des articles de magazine, ainsi que de nombreuses photographies d’époque.