Voici l’un des 27 exemplaires de 212 Export produits par Ferrari et l’un des trois à avoir été modifiés, à l’époque, par l’usine aux spécifications 225 S. Elle sera mise en vente aux enchères par RM Sotheby’s à Paris les 4 et 5 février 2025.
Dévoilée en 1951, la Ferrari 212 Export était la remplaçante de la 195 S. Le V12 Colombo passait à 2,6 litres et le châssis était modifié pour supporter les 150 chevaux transmis aux roues arrière. Sur les 27 exemplaires produits, 10 ont été carrossés par Vignale dont sept seulement ont quitté l’atelier en « berlinetta » fermée.
La Ferrari 212 Export était non seulement une jolie voiture, mais aussi une excellente compétitrice comme l’ont montré ses victoires à la Targa Florio, à la Carrera Panamericana, au Tour de France Automobile et au Giro di Sicilia. Le modèle présenté ici, certifiée en juillet 2024 par Ferrari Classiche, a d’ailleurs participé aux 12 Heures de Reims, aux 1000 Km de Paris et au rallye Liège-Rome-Liège.
Portant le numéro de châssis 0190ED, elle a été vendue en mai 1952 à son premier propriétaire, Jacques Perron, pour remplacer sa précédente 212 endommagée dans un incendie au Rallye du Maroc. Il n’a toutefois pas tardé à la revendre au pilote amateur Marius Heyman, qui l’a exposé le 25 juin au Concours d’Élégance de Paris.
Toujours en 1952, Heyman faisait équipe avec Claude Leguèzec lors du Rallye Liège-Rome-Liège quand la voiture a percuté un arbre entre Rome et Bolzano, provoquant le décès de Marius Heyman.
Suite à ce tragique accident, la voiture a été refaite avec une calandre différente et les spécifications 225 S, puis vendue le 14 janvier 1955 au pilote Joseph Ampoulie. Celui-ci a participé à au moins cinq épreuves, dont les 1000 Km de Paris, à Montlhéry, et les 12 Heures de Reims où il partageait le volant avec Yves Giraud-Cabantous. Ils finirent 7e au classement général.
Vendue en avril 1957 à Claude Barbier, cette Ferrari n°0190ED aurait été peinte en bleu clair plus tard dans l’année. Retirée de la circulation en juin 1958, elle serait restée entreposée plusieurs années, subissant ensuite quelques dommages au pavillon et à la partie arrière. Elle est réapparue en 1975 au Garage Cecchi, à Chambéry, et cédée à David Schute avant de revenir en France en 1987, toujours en mauvais état et réclamant une restauration complète.
Selon le rapport de Marcel Massini, en 1996 son état ne s’était pas amélioré mais son moteur tournait. Deux ans plus tard, elle a été vendue à Angelo Galeazzi, basé à Brescia. Celui-ci se lancera dans une restauration complète et une carrosserie neuve sera réalisée. En 2000, elle sera inscrite aux Mille Miglia, avant d’être vendue deux ans plus tard.
Après des séjours en Angleterre et en Belgique, cette 212 Export rentrera en Italie en 2005 avant d’être rachetée par son propriétaire actuel. Il prendra alors la décision de la faire totalement restaurée par Ferrari Classiche. Lors de cette rigoureuse remise en état qui a duré quatre ans, presque toutes les pièces de la voitures ont été traitées, avec une attention particulière apportée à la carrosserie, dans le souci de rester le plus fidèle possible aux lignes d’origine de Vignale.
Terminée en 2014, cette Ferrari 212/225 S a reçu en juillet 2024 la certification Ferrari Classiche et son fameux « Red Book », qui précise qu’elle est équipée de son moteur, de sa boîte de vitesses et de son pont arrière d’origine.